Cet article a été rédigé par Nicolas D’Andrea, Team Leader Cybersécurité chez Prodware
À l’ère du numérique, les entreprises sont confrontées à une explosion des menaces informatiques. Ransomwares, attaques ciblées, phishing, compromissions internes : les cybercriminels redoublent d’ingéniosité pour contourner les défenses traditionnelles. Dans ce contexte, les solutions de cybersécurité doivent évoluer. L’antivirus classique, longtemps pilier de la protection des postes de travail, ne suffit plus. C’est ici qu’intervient l’EDR (Endpoint Detection and Response), une technologie de détection et de réponse aux incidents qui révolutionne la sécurité des terminaux. Mais l’EDR n’est qu’une étape : il s’inscrit dans une trajectoire plus large vers le XDR, voire vers une supervision complète via un SOC. Décryptage.
Qu’est-ce qu’un EDR ?
L’EDR est une solution de cybersécurité dédiée à la surveillance, la détection et la réponse aux menaces sur les terminaux (ordinateurs, serveurs, appareils mobiles). Contrairement à un antivirus classique qui repose principalement sur des bases de signatures pour identifier les malwares connus, l’EDR adopte une approche comportementale. Il analyse en temps réel les activités des terminaux pour repérer des anomalies, des comportements suspects ou des indicateurs de compromission.
Un EDR collecte et centralise des données telles que :
- Les processus en cours d’exécution
- Les connexions réseau établies
- Les modifications de fichiers système
- Les actions des utilisateurs
- Les journaux d’événements
Ces données sont ensuite analysées à l’aide d’algorithmes, souvent renforcés par de l’intelligence artificielle, pour détecter des menaces avancées, même inconnues.
Les avantages d’un EDR par rapport à un antivirus classique
1. Détection avancée des menaces
L’EDR ne se limite pas aux malwares connus. Il identifie des comportements anormaux, comme un processus qui chiffre massivement des fichiers (signe d’un ransomware), ou une élévation de privilèges suspecte. Cela permet de détecter des attaques zero-day ou des menaces internes.
2. Réponse rapide et automatisée
En cas d’incident, l’EDR peut automatiquement isoler un terminal du réseau, tuer un processus malveillant, ou alerter les équipes de sécurité. Cette capacité de réponse rapide limite la propagation de l’attaque.
3. Visibilité complète sur les terminaux
L’EDR offre une traçabilité fine des événements sur chaque poste. Cela facilite les enquêtes post-incident, la compréhension de la chaîne d’attaque (kill chain), et l’amélioration continue de la posture de sécurité.
4. Amélioration de la conformité
Grâce à ses capacités de journalisation et de reporting, l’EDR aide les entreprises à répondre aux exigences réglementaires (RGPD, ISO 27001, NIS2, etc.).
Les limites et inconvénients d’un EDR
1. Complexité de déploiement et d’exploitation
Un EDR nécessite une configuration fine, une bonne connaissance des environnements IT, et des compétences en cybersécurité pour interpréter les alertes. Sans cela, le risque de mauvaise configuration ou de sous-exploitation est réel.
2. Faux positifs
L’analyse comportementale peut générer des alertes sur des actions légitimes. Cela peut entraîner une surcharge pour les équipes de sécurité, voire une lassitude face aux alertes (alert fatigue).
3. Coût financier et humain
Les solutions EDR sont souvent plus coûteuses que les antivirus classiques, tant en termes de licences que de ressources humaines nécessaires à leur gestion.
4. Couverture limitée
L’EDR se concentre sur les terminaux. Il ne couvre pas nativement les autres vecteurs d’attaque comme les emails, les applications cloud, ou les équipements réseau.
Du EDR au XDR : une évolution naturelle
Pour pallier les limites de l’EDR, les éditeurs de solutions de sécurité ont développé le XDR (Extended Detection and Response). Le XDR va plus loin en corrélant les données issues de plusieurs sources : EDR, NDR (Network Detection and Response), SIEM, sécurité email, cloud, etc.
Les bénéfices du XDR :
- Vision unifiée de la sécurité sur l’ensemble du système d’information
- Corrélation intelligente des événements pour détecter des attaques complexes
- Réduction du bruit grâce à une meilleure priorisation des alertes
- Automatisation renforcée des réponses
Le XDR permet ainsi de passer d’une sécurité en silos à une cybersécurité intégrée, plus efficace face aux menaces modernes.
L’importance d’un référent dédié à la gestion de l’EDR
Mettre en place une solution EDR dans une entreprise ne se résume pas à son installation technique. Pour qu’elle soit réellement efficace, elle doit être pilotée, surveillée et optimisée en continu. C’est pourquoi il est essentiel de désigner une personne — ou une équipe — spécifiquement chargée de son exploitation.
Pourquoi un référent EDR est indispensable ?
- Analyse des alertes : L’EDR génère de nombreuses notifications. Un référent formé est capable de distinguer les faux positifs des véritables incidents, d’en comprendre les causes, et de prendre les mesures appropriées.
- Réponse rapide aux incidents : En cas de détection d’une menace, une réaction rapide est cruciale. Un responsable EDR peut isoler un poste, lancer une investigation, ou coordonner une réponse avec les équipes IT.
- Optimisation continue : Les règles de détection doivent être ajustées au fil du temps pour s’adapter aux spécificités de l’environnement de l’entreprise. Un référent peut affiner les politiques, intégrer de nouveaux indicateurs de compromission (IoC), et améliorer la pertinence des alertes.
- Formation et sensibilisation : Le référent EDR joue aussi un rôle de relais auprès des utilisateurs. Il peut former les équipes à reconnaître les comportements à risque, et promouvoir les bonnes pratiques de cybersécurité.
- Lien avec les autres briques de sécurité : L’EDR ne fonctionne pas en silo. Il doit être intégré à une stratégie globale. Le référent assure la cohérence entre l’EDR, le pare-feu, le SIEM, le XDR ou encore le SOC.
Un rôle stratégique, pas uniquement technique
Ce poste ne se limite pas à une compétence technique. Il nécessite également une vision stratégique, une capacité à dialoguer avec les métiers, et une bonne compréhension des enjeux de conformité. Dans les PME, ce rôle peut être confié à un RSSI ou à un administrateur système formé. Dans les grandes structures, il peut s’agir d’un analyste SOC ou d’un ingénieur cybersécurité dédié.
Pourquoi envisager un SOC pour une supervision globale ?
Même avec un EDR ou un XDR, la cybersécurité ne peut être totalement automatisée. La supervision humaine reste indispensable. C’est le rôle du SOC (Security Operations Center), un centre opérationnel de sécurité chargé de surveiller, analyser et répondre aux incidents de sécurité en continu.
Les missions d’un SOC :
- Surveillance 24/7 des systèmes d’information
- Analyse des alertes générées par les outils de sécurité
- Réponse aux incidents en temps réel
- Gestion des vulnérabilités
- Reporting et conformité
Un SOC peut être interne (pour les grandes structures) ou externalisé via un MSSP (Managed Security Service Provider), ce qui permet aux PME de bénéficier d’une expertise avancée sans mobiliser des ressources internes importantes.
Conclusion : Vers une cybersécurité intelligente et pilotée
L’EDR représente une avancée majeure dans la protection des entreprises contre les cybermenaces. Il offre une détection plus fine, une réponse plus rapide, et une visibilité accrue sur les terminaux. Mais il ne doit pas être vu comme une solution isolée. Il s’inscrit dans une stratégie globale, qui peut évoluer vers le XDR pour une couverture étendue, et vers un SOC pour une supervision continue.
Dans un monde numérique en perpétuelle mutation, la cybersécurité ne peut plus être statique. Elle doit être dynamique, intégrée, et pilotée. Investir dans des technologies comme l’EDR, c’est faire un pas vers une sécurité proactive, capable de faire face aux menaces d’aujourd’hui et de demain.
Vous avez des questions ou un projet en cybersécurité ? Notre équipe Cyber est à votre écoute pour vous accompagner.