7 février 2023 : Journée mondiale pour un Internet plus sûr
Internet…un lieu dans l’imaginaire collectif sans aucune existence physique, totalement dématérialisé… Les risques sont cependant bien réels et prennent des formes bien concrètes : usurpation d’identité, fraude, cyber attaque, espionnage, harcèlement… Autant d’exemples bien matériels dans cet espace prétendument virtuel et immatériel.
Une journée par an suffit-elle pour transformer un véritable Far West en zone régulée, réglementée et plus sûre ? Les nombreux périls et leur variété incitent à penser le contraire. Ce cadre posé, que faudrait-il pour un Internet plus apaisé ? Si une grande partie des acteurs privés etdes organismes publics luttent déjà activement contre cette situation, est-ce suffisant ?
N’est-ce pas à nous, en tant qu’utilisateurs, de nous mobiliser ?Tout comme il nous appartient de vivre ensemble et en harmonie dans les environnements réels, nous devons pouvoir le faire dans ces espaces virtualisés. Ces réflexes « naturels » doivent s’appliquer dès lors que nous sommes face à un écran qui, après tout, n’est qu’une interface. Et c’est une tâche qui doit nous mobiliser chaque jour.
Pour cela, l’hygiène numérique doit être inculquée dès le plus jeune âge d’autant que les enfants sont particulièrement vulnérables sur Internet. Pour ne rien arranger, les dangers peuvent prendre différentes formes pour duper, usurper, etc. : cyberintimidation, cyberharcèlement, désinformation et contenus inappropriés. A nous, parents et adultes responsables, d’êtres des exemples et de sensibiliser aux bons usages sur Internet. Il convient d’en expliquer les risques, de faire comprendre que des périls peuvent se cacher derrière un avatar, un pseudonyme, etc. Cette éducation, au même titre que les matières plus générales, ne devrait-elle pas faire partie des programmes scolaires ? Les élèves apprennent l’anglais, les maths, etc. mais, même si cela tend à évoluer, pas grand-chose sur le digital alors qu’il est omniprésent dans leur vie et que le temps passé derrière un écran ne cesse de croître.
La sensibilisation et l’éducation des utilisateurs, enfants comme adultes, est donc un sujet primordial. Ils doivent être pleinement conscients des risques liés à l’utilisation d’Internet et des mesures à prendre pour protéger leurs données et leur vie privée.
Leurs données, ce nouvel or noir, sont en effet toujours plus collectées, raffinées, enrichies, utilisées et, bien souvent, partagées sans leur consentement, ce qui n’est pas sans risques pour leur vie privée et leur sécurité. Certes, la mise en place de protocoles de sécurité standardisés tels que le chiffrement de bout en bout peut aider à protéger contre les fuites et les utilisations non autorisées. Mais ce sont avant tout nos comportements qui limiteront ces risques. Personne ne placarde des photos de ses enfants sur la façade de sa maison alors pourquoi le faire sur le mur d’un réseau social ?
Les utilisateurs ont des droits fondamentaux en ligne, tels que la liberté d’expression et le droit à la vie privée. Les lois et les règlementations sont pensées pour protéger ces droits et réprimer les activités illégales sur Internet. Pourtant, ces lois censées s’appliquer à tous semblent avoir plus de mal à s’imposer dans ce monde virtuel « sans limite » où les criminels et autres hackers peuvent jouir d’une certaine impunité.
Tout cela conduit inévitablement à une utilisation frauduleuse massive d’identités et de vols de données. Ce problème croissant peut causer des dommages considérables aux individus certes, mais également aux entreprises. Gérer une usurpation d’identité, c’est devoir faire face à plusieurs murs : celui de l’administration, d’une part, qui reste encore peu armée face à ces dérives et, d’autre part, celui des plateformes sur lesquelles votre identité a été compromise. Dans le monde merveilleux des GAFAM, bien souvent, l’explication du problème relève du parcours du combattant. Si la mise en place de systèmes de vérification de l’identité permet de prévenir les fraudes en ligne et de protéger les utilisateurs contre les escroqueries, ces systèmes sont bien insuffisants à ce jour.
Il faut donc encourager et investir massivement dans la recherche sur la sécurité de l’Internet pour développer de nouvelles technologies et méthodes capables de protéger les utilisateurs et les données en ligne. L’avènement du web 3.0 et de certaines technologies comme la blockchain pourra certainement contribuer à tracer les actions et flux des utilisateurs pour les rendre uniques et vérifiables, à délimiter de manière plus nette des frontières pour l’heure bien floues.
Mais accepterons-nous d’être identifiés et tracés, au nom du bien commun, pour l’ensemble de nos actions sur internet ? Plus que nous ne le permettons dans la réalité ? En fonction des cultures et du contexte géopolitique, rien n’est moins sûr… Rappelons-nous, au plus fort de la pandémie, le comportement de certains s’insurgeant contre l’application TousAntiCovidalors que ce sont sans doute les mêmes qui déversent à longueur de journées leurs données personnelles sur les réseaux sociaux.
Quoiqu’il en soit, ne pas agir n’est certainement pas une option. Les normes et les politiques relatives à la sécurité de l’Internet doivent être élaborées de manière collaborative pour assurer la sécurité de l’Internet et de ses utilisateurs dans le monde entier. La collaboration internationale doit désormais mesurer la situation puis réagir en conséquence sous peine de véritablement créer un Internet de non droit où l’impunité ne cessera de se développer davantage. Cette collaboration internationale ne prendra tout son sens que si, individuellement, nous sommes tous engagés dans une démarche où la sécurité ne se fait pas au détriment de la liberté.
Un article initialement paru dans IT Social.