Un article de Laurence Dubois, DRH du groupe Prodware, publié sur le Siècle Digital
Ça y est, vous venez officiellement de passer le cap de votre première année au sein de votre nouvelle entreprise. Au-delà des éventuels aspects festifs, c’est aussi le moment de votre entretien annuel. Pour la plupart, il s’agit d’un moment de stress où il faut faire face à sa hiérarchie, défendre ses performances, démontrer une vision d’avenir. Et si ce moment de stress devenait une formalité avec les assistants vocaux, en pleine expansion dans le monde de l’entreprise ? Imaginez un instant, en quelques minutes, Alexa vous préparer un mémo comprenant une synthèse de vos points forts, de vos réussites et quelques projections sur votre avenir.
Alors que les décideurs publics réfléchissent au cadre réglementaire de l’IA dans les processus de recrutement, essayons de nous projeter sur l’impact de cette technologie sur le métier des Ressources Humaines.
Oui, nous aimons parler à nos enceintes connectées
En France, Homepod d’Apple a rejoint le 18 juin dernier, Google Home et Amazon Echo. Aux Etats-Unis où le marché est plus mature, les Smart speakers ont déjà conquis les foyers : 1 sur 5, soit 23 millions de foyers, est doté de sa propre enceinte.
Et, visiblement, essayer un assistant vocal, c’est l’adopter ! Selon une étude menée par Edison Research, 65% des personnes qui possèdent un haut-parleur intelligent ne peuvent pas imaginer revenir en arrière. Parallèlement, le marché continue à prendre de l’ampleur. Comstore estime d’ailleurs que 50 % de toutes les recherches se feront via la technologie vocale d’ici 2020.
De là à rentrer dans le monde de l’entreprise ?
Votre prochain collaborateur s’appellera-t-il Alexa ?
Jusqu’à maintenant l’usage des assistants vocaux est essentiellement cantonné au domicile. Selon une étude Wavestone, en 2016, la commande vocale était surtout utilisée chez soi (43%) ou en voiture (36%) contre seulement 3% au travail. Mais la donne est en train de changer.
Les assistants vocaux arrivent sur votre lieu de travail. Depuis décembre 2017, Amazon propose par exemple Alexa for Business aux entreprises. Avec Watson Assistant, IBM met à disposition un assistant personnalisable et adaptable à chaque secteur d’activité. Prenons aussi l’exemple de Workfit qui commercialise un bot vocal, baptisé Eva, qui pilote les réunions de travail.
Au bureau, après avoir tapé sur un clavier, ou appuyé sur un écran tactile, vous allez désormais pouvoir parler à un assistant vocal capable de vous simplifier la tâche. Pour le moment, ces assistants représentent un précieux gain de temps d’un point de vue logistique. Ils vous permettent aussi de simplifier les routines quotidiennes. Par exemple, éviter de perdre 10 minutes à chercher numéros de téléphones et mots de passe lors d’une visioconférence. Il est aussi possible de consulter votre assistant pour vérifier vos rendez-vous ou fixer une date de réunion. Néanmoins, au-delà de ces usages « basiques », les assistants vocaux offrent des promesses infinies à l’entreprise notamment en termes de gestion RH.
Quels impacts pour les DRH ?
La révolution est en marche, en marge des GAFA, de nombreuses start-ups développent des bots conversationnels 100% vocaux capables d’alléger les démarches RH. Il est donc possible dès maintenant d’avoir un assistant vocal capable de répondre aux questions de salariés en matière de congés à prendre ou de procédures liés au dépôt de notes de frais. Un gain de temps précieux pour les équipes RH qui peuvent se consacrer à des tâches à plus forte valeur ajoutée comme l’engagement ou l’onboarding.
La « bossy generation », une future génération à problème ?
Et si le risque de la généralisation des assistants vocaux et des services qui s’y rapportent était tout simplement que l’humain disparaisse ? N’allons pas si loin. Toutefois, il ne faudrait pas que l’avènement des assistants vocaux engendre une génération d’enfants gâtés, habitués à tout avoir juste en haussant la voix. C’est justement ce qui inquiète l’agence Heaven habituée à prendre le contrepoids des tendances en dénonçant leurs côtés obscurs. Selon une étude, les assistants vocaux avec lesquels les enfants d’aujourd’hui grandissent impacteraient la manière dont ils s’expriment.
En somme, nous sommes en train de voir émerger une génération « bossy » qui aurait tendance à oublier la politesse.
Aux futurs RH de leur rappeler qu’on ne s’adresse pas de la même manière à Alexa qu’à son supérieur hiérarchique !