Les robots vont-ils remplacer les humains ? Beaucoup de points de vue sur la robotisation et l’automatisation du travail relaient cette idée. Si certaines études s’appuient sur des faits concrets, d’autres avancent des prophéties funestes où, devenues intelligentes, les machines feraient une révolution pour conquérir le monde et dominer l’humanité.
Dans la redistribution des tâches apportée par les technologies numériques dans le monde du travail, de nouvelles frontières encore fluentes se dessinent où il est pour l’instant difficile de se repérer. Essayons ici de distinguer la réalité de la fiction.
Des robots créatifs, dites-vous ?
De nombreux articles affirment que les robots peuvent uniquement effectuer des tâches répétitives pour lesquelles ils sont programmés. Bien qu’il soit rassurant de penser que le fonctionnement des robots reste dépendant des humains, d’autres sources, s’appuyant sur les pas de géant du progrès technologique, mettent en avant les capacités d’auto-apprentissage des machines et des ordinateurs dotés d’IA qui se passent d’intervention humaine pour fonctionner et traiter de nouvelles fonctionnalités.
Des chercheurs de l’université de Cambridge [1] ont mis au point un robot capable de concevoir des « bébés » robots qui s’améliorent progressivement en se déplaçant, sans aucune intervention humaine. Autre exemple d’autonomie : les mélodies de Brain.fm [2] créées par des robots et dont le tempo des musiques s’accorde avec les ondes du cerveau de l’auditeur.
Enfin, des chercheurs du département d’Ingénierie de l’université de Columbia ont également abouti à une avancée majeure dans le domaine de la robotique en créant une machine qui sait s’auto identifier, en partant de rien, sans aucune connaissance préalable de la physique, de la géométrie ou de la dynamique motrice. Le robot peut alors utiliser un auto-simulateur interne pour s’adapter à différentes situations, accomplir de nouvelles tâches ainsi que détecter et réparer les dommages subis par son propre corps.
Les chercheurs souhaitent maintenant savoir si les robots peuvent modéliser au-delà de leur propre corps : ils s’intéressent à leur « esprit », et se demandent s’ils peuvent réellement réfléchir par eux-mêmes, propulsant ainsi les capacités de l’IA vers de nouveaux sommets.
Pourtant, il est important de garder à l’esprit qu’en réalité les êtres humains ne débarrasseront pas le plancher de sitôt. Quels que soient la technologie et le niveau d’automatisation des tâches, il faudra sans doute pour encore très longtemps une présence ou intervention humaine. Associés plutôt qu’opposés, l’homme et la machine pourraient ainsi former un binôme performant.
Les robots vont-ils piquer nos jobs ?
Si les scénarios du projet Global McKinsey et/ou du Forum Économique se révèlent exacts, 43 à 49 % des emplois d’aujourd’hui seront automatisés et n’existeront plus sous leur forme actuelle. D’ici 2030, la robotisation pourrait détruire 73 millions d’emplois, rien qu’aux États-Unis.
Mais les mêmes rapports, qui prédisent que les machines vont bientôt voler nos emplois par acquisition sans cesse plus rapide de nouvelles compétences, indiquent également qu’un nombre encore plus important de postes (97 millions, pour être précis) vont être créés en raison de cette mutation.
Ce sont les « emplois du futur », et ils offrent de meilleures perspectives, en particulier pour les professionnels en début de carrière. Plus il y aura d’ordinateurs configurés pour effectuer des tâches très répétitives, souvent confiées à des employés de premier niveau, plus il y aura pour les remplacer de nouveaux postes plus intéressants et avec de meilleurs salaires à la clé.
Par ailleurs, les personnes qui arrivent sur le marché du travail ont généralement du mal à décrocher des emplois mieux rémunérés, car elles sont en concurrence avec des candidats plus expérimentés. Ce désavantage concurrentiel disparaîtra à mesure que de nouveaux postes – des postes que personne n’a jamais exercés auparavant – verront le jour.
En résumé, les robots remplaceront à l’avenir toute une série d’emplois occupés par les humains mais, à mesure que la robotisation et l’automatisation se développeront, de nombreux nouveaux postes et fonctions apparaîtront.
Toujours plus d’IA
Les moteurs numériques intelligents s’instruisent en faisant tourner des modèles dont ils s’inspirent de la structure et/ou des contenus. Plus ils sont nourris en exemples, plus ils apprennent, et plus les résultats sont précis et fiables. Pour effectuer des tests sur des ensembles de données plus importants, il faut néanmoins accéder à des volumes de données conséquents et des délais de traitement plus longs. L’application de scénarios d’IA ou d’Apprentissage Automatique au mécanisme de direction d’un robot nécessite du temps et une capacité de traitement importante. Du moins en théorie, en ce qui concerne les développements spécifiques ou initiaux, c’est-à-dire des applications jamais testées auparavant.
De plus en plus d’applications pour la robotique dotées d’IA se concrétisent au deuxième essai. Les GAFAM ont accéléré et normalisé la mise sur le marché d’applications basées sur l’IA. Des assistants virtuels comme Siri, Alexa, Cortana et Google sont intégrés dans la plupart des appareils électroménagers et des véhicules. Ils recueillent chaque jour des « données d’expérience ». Cela peut paraître effrayant pour le consommateur, mais pour les développeurs d’IA c’est une mine de données. Des fonctionnalités intégrant de l’IA existent également dans les logiciels que nous utilisons quotidiennement, de nombreuses applications professionnelles exploitent l’IA pratique pour prévoir, prédire les tendances et les demandes du marché ou pour prendre des décisions éclairées. En fait, nous nous sommes tellement habitués aux pop-ups pour vanter les mérites de produits et de services sur le web ou aux suggestions de films sur Netflix que tout cela nous semble « normal ». Nous prenons pour acquis cet important bond en avant dans la qualité de service.
Garder l’humain au cœur du dispositif
Les gens fonctionnent à l’émotion. L’anxiété et la peur existentielle influencent de manière importante leur jugement. Les machines, en revanche, peuvent exécuter une tâche donnée avec une efficacité redoutable. Elles prennent en compte et évaluent un éventail important de possibilités lorsqu’elles doivent apporter une solution à une situation ou à une question donnée. Ce processus s’apparente finalement à une forme de créativité. La nouvelle génération de machines peut désormais reconnaître et appliquer des schémas émotionnels. Bientôt, nous verrons des robots très sophistiqués ou des appareils intelligents dotés d’une « conscience ». Mais, parce qu’elles sont incapables de réfléchir aux conséquences des tâches qu’elles exécutent et qui ne font pas partie de leur menu d’exécution ou de leur programme, les machines sont pour l’instant incapables de prendre une décision irrationnelle motivée par une considération éthique ou émotive.
L’humain sera encore longtemps impliqué, d’une manière ou d’une autre, dans la sécurisation et la sauvegarde des processus liés à la haute technologie. Il convient également de mettre en place un cadre juridique et une charte éthique pour régir l’utilisation des nouvelles technologies – s’assurer qu’il y a toujours un bouton « ARRET », y compris sur les robots auto-apprenants et autocréateurs ou sur tout appareil ou machine intelligente. L’être humain doit toujours être maître de la situation, quoi qu’il arrive. En tout cas, c’est ce qu’il faut espérer.
[1] Robots that build ‘baby robots’ – BBC News https://www.bbc.com/news/av/science-environment-33868728
[2] Brain.fm: Music to improve focus, meditation & sleep. https://www.brain.fm/
Article initialement paru sur marketing-professionnel.