« Cogito ergo sum » exprime une idée forte : du doute méthodique découle la certitude. Penser son existence, son rapport au monde, à l’actualité ou aux tendances permet de mieux cerner la réalité. Cette prise de conscience est de plus en plus difficile à l’ère de l’instantanéité permanente qui nous plonge quotidiennement dans un épais brouillard d’informations.
La transformation numérique, consistant à intégrer totalement les technologies digitales dans les processus des entreprises, est un sujet porteur, autant pour les médias que les acteurs de l’IT. Les informations à son sujet sont nombreuses, trop peut-être. Pour y voir plus clair, quelques inspirations tirées de la méthodologie cartésienne.
Explorer pour mieux se connaître
L’écho retentissant de l’ouvrage de Laurent Alexandre, « La Guerre des Intelligences », cristallise un des effets pervers d’Internet. Internet est en effet un mode de connaissance perfectible, chacun étant devenu un producteur de savoir, un expert dans son domaine.
Il en découle un besoin fondamental pour les entreprises : bâtir leur propre définition de la transformation numérique en fonction de leur propre corpus d’informations.
Trois domaines d’exploration doivent permettre aux entreprises d’y arriver :
- La culture d’entreprise. Arrière-plan de l’engagement des collaborateurs, elle englobe les enjeux de management et des modes de travail ;
- L’architecture informatique. Tour de contrôle des actions de l’entreprise, elle permet d’analyser, optimiser et piloter la création de valeur ;
- Le modèle économique. Il est en mouvement permanent en raison de l’accélération des innovations de rupture (IA, Blockchain, …).
Cette exploration en trois dimensions doit alors vous permettre d’arrêter un cliché, celui de votre situation face au changement, des actions à réaliser pour vous conduire vers un changement durable. La prochaine étape est celle du leadership, qui doit conduire l’exploration vers cette terra incognita numérique.
Un candidat unique pour les gouverner tous ?
Aujourd’hui, trois postes clés viennent concurrencer celui de directeur des Systèmes d’Information en tant que pilote de ce processus de transformation. En voici un rapide descriptif.
DRH, le gestionnaire des cerveaux de l’entreprise
La direction des ressources humaines se pose, à terme, comme la gestionnaire des compétences de l’entreprise, une « direction des cerveaux » comme l’indiquait récemment Laurent Alexandre. Les infrastructures informatiques des entreprises, pilotées par des solutions intelligentes, gonflées à l’intelligence artificielle, traduisent progressivement l’ensemble des ressources de l’entreprise en données, y intégrant les compétences des collaborateurs.
Garant de l’allocation de matière grise dans l’entreprise, le DRH serait un candidat idéal pour piloter la transformation numérique. Quels sont les autres prétendants ?
Chief Digital Officer, le négociateur
Nous avons tous entendu parler du « Chief Digital Officer », positionné comme le bras armé de la direction générale pour piloter la transformation digitale. Voici son portrait selon le Siècle Digital : « business-oriented, professionnel du marketing ou technophile, il partage avec ses pairs certains caractères transversaux qui l’amènent à mettre l’approche utilisateur au centre de sa réflexion. Vecteur du changement au sein de l’entreprise et d’ordinaire positionné en son centre névralgique, le CDO murmure auprès de toutes les strates de l’organisation pour transmettre une nouvelle culture digitale et impacter durablement l’entreprise dans son idéologie et son architecture. »
Véritable courroie de transmission entre la direction des Systèmes d’Information, la direction marketing et la direction des ressources humaines de l’entreprise, le CDO apparaît ainsi comme seul maître à bord.
Data Protection Officer, le maître de la conformité
N’oublions pas un autre profil, celui du délégué à la protection des données personnelles (DPO pour « Data Protection Officer »). Il lui appartient de s’informer sur les nouvelles obligations, d’assister ses dirigeants sur les conséquences des traitements des données, de concevoir des actions de sensibilisation auprès de ses collaborateurs et de piloter en continu la conformité Règlement Général sur la Protection des Données (« RGPD » ou « GDPR » en anglais).
Le DPO est ainsi le garant de la conformité de l’entreprise avec le nouveau cadre réglementaire européen, première pierre du marché unique numérique. Il possède donc un rôle stratégique indéniable à la pérennisation de la transformation numérique.
En réalité, chacun de ces trois postes possède son utilité. Ils sont partie prenante de l’équipe à partir du moment où ils correspondent à un besoin identifié sur la feuille de route stratégique de l’entreprise.
La transformation numérique est donc le fruit d’une intelligence collective pilotée par la direction générale. Aujourd’hui, une des priorités pour les dirigeants est d’identifier les profils utiles à cette transformation en accord avec les directions stratégiques de l’entreprise.
Donnez une destination précise à vos équipes, ils vous donneront le meilleur itinéraire pour y arriver.